Revivre l’ambiance d’antan « au marché des paysans »

Revivre l’ambiance d’antan « au marché des paysans »

Pour changer un peu de registre sur ce blog, je ne vous emmène pas cette fois dans une destination touristique reconnue de la Grande île mais à l’un des grands marchés ruraux d’Antananarivo où les touristes ne viennent que rarement. Cet article est le fruit de mon récent passage au marché de Talata Volonondry qui se situe à une vingtaine de kilomètres de la Capitale, et que j’avais déjà l’habitude de fréquenter pendant mon enfance. Cette visite m’a ainsi permis de revivre l’ambiance d’antan « au marché des paysans ».

photo 2-5.JPG

Le plus grand marché du Mandiavato

La Commune de Talata Volonondry abrite le premier grand marché des paysans dans le nord d’Antananarivo sur la Route Nationale 3. Cette Commune doit d’ailleurs son nom d’abord à ce marché hebdomadaire qui a lieu chaque mardi (Talata), puis à un Grand Roi qui y aurait retrouvé son mouton perdu d’où le terme « Volonondry » (peau de mouton). Localisé à 5km d’Ambohidrabiby qui était la Capitale du Mandiavato, le marché de Talata Volonondry aurait été instauré à l’époque du Roi Ralambo (lire également ici), puis modernisé sous Andrianampoinimerina.

photo 3-6.JPG

Il s’agit du principal lieu d’écoulement de la production agricole et en même temps d’approvisionnement en PPN des populations rurales vivant dans les Communes alentours telles que Ambohidrabiby, Ambohitrolomahitsy, Ambohimanga, Ambohibao Avaratra, Ankazondandy voire dans les autres Districts comme Anjozorobe. Vous rencontrerez donc notamment ici le peuple du Mandiavato qui désigne la sous-région septentrionale d’Antananarivo. Certains Tananariviens s’y rendent également, attirés à la fois par la fraîcheur des produits agricoles vendus dans ce marché et par leurs prix très attractifs.

Le marché de l’oignon et du manioc séché

L’immensité de ce bazar lui permet d’accueillir de nombreux pavillons consacrés à différents types de produits allant de la boucherie, des épiceries jusqu’aux vêtements en passant bien évidemment par les produits agricoles et d’élevage ainsi que les produits artisanaux, etc.

photo 1.JPG

Après le riz, la culture d’oignon prédomine dans cette zone d’où l’existence d’une assez vaste surface dédiée spécialement à la vente de ce produit au niveau du marché de Talata Volonondry. Il en est de même pour le manioc séché, un autre produit phare de cette sous-région. Cet endroit rassemble ainsi hebdomadairement les paysans producteurs et les collecteurs avec leurs charrettes ou camions.

photo 5-1.JPG

Les couleurs vives des produits et articles divers ainsi que les cris des marchands donnent toujours aux visiteurs l’impression d’assister à une foire.

photo-4-8

Comme partout ailleurs à Madagascar, le marché de Talata Volonondry connaît également l’envahissement des produits importés comme la friperie et surtout les chinoiseries de qualité médiocre, pouvant correspondre au faible pouvoir d’achat des paysans mais au grand détriment des articles fabriqués localement.

photo 1-10.JPG

La plupart des marchandises sont étalées à même le sol. Bref, on y trouve un peu de tout, des téléphones portables, des petits panneaux solaires, des lampes torches et autres petits objets utilisés par les paysans dans leur vie quotidienne jusqu’aux monnaies anciennes et billets de collection.

photo 3-5.JPG

Les spécialités culinaires de Talata Volonondry

De nombreux habitants de Talata-Volonondry se sont spécialisés dans la fabrication du «Koba» et de Saucisse qui font la renommée de ce marché.

A base de farine (manioc ou blé), d’arachide et du sucre, la préparation du « koba » nécessite un savoir faire particulier très bien maîtrisé par bon nombre de ménages vivant à Talata Volonondry. Le « koba » est enroulé dans des feuilles de bananiers avant son cuisson au bain marie pendant deux jours et deux nuits sur un feu de bois. Notons qu’il est possible de visiter quelques ateliers de fabrication de « koba » situés non loin du marché.

photo 1-2.JPG

La saucisse de Talata Volonondry, est quant à elle faite à l’aide de la viande de porc et/ou de zébu, et de la pomme de terre. Ces produits qui se vendent comme des petits pains quotidiennement font nourrir plusieurs familles dans cette Commune.

photo 2-4.JPG

Les « mofo gasy », «ramanonaka» ou «menakely» sont également inséparables au marché des paysans. Ces variétés de beignets qui sont essentiellement à base de farine de riz, de levure, d’eau et de sucre sont très prisées par les populations locales et sont toujours accompagnées d’un bon café ou thé chaud.

mofogasy.JPG

Les spécialités artisanales de Mandiavato

Outre la culture d’oignons et la production de « koba », l’artisanat constitue un autre trait distinctif des originaires de cette sous-région. Il s’agit essentiellement ici du tissage, de la menuiserie et dans une moindre mesure de la ferronnerie et la vannerie.

photo 2-10.JPG

Mandiavato a toujours été considéré comme l’un des principaux producteurs de tissus en soie ou « lambalandy » à Madagascar, et ce depuis l’époque royale. Cette réputation demeure relativement intacte. La technique de production du « lambalandy » reste toutefois artisanale et suit plusieurs étapes.

Si auparavant, le marché de Talata Volonondry faisait essentiellement office de lieu d’approvisionnement en « lambalandy » notamment en « lambamena » (linceuls pour les morts) pour les revendeurs en provenance de la Capitale, force est de constater que ce n’est plus le cas actuellement. Les artisans ne s’y rendent plus mais écoulent directement leurs produits au marché des fleurs et de « lambamena » à Anosy Antananarivo.

Parmi les faits marquants du marché figure également l’existence d’ateliers rudimentaires de ferronnerie qui sont montés pour l’occasion par quelques artisans en vue de la fabrication et la vente de différentes sortes de petits outils de production tels que les couteaux, râteaux, marteaux, bêches, etc.

photo 5-7.JPG

Le marché de zébus le plus proche de Tanà

Le marché de Talata Volonondry consacre également un large espace pour la vente des bétails. Malheureusement, les bœufs mis en vente deviennent ici de plus en plus rares tout comme dans les autres grands marchés des bovidés d’Antananarivo. Le marché est actuellement dominé par les porcelets. Les volailles n’y occupent qu’un espace restreint.

photo 3.JPG

Les gargotes de Talata Volonondry

Comme dans pratiquement tous les marchés de ce genre à Madagascar, les petites gargotes sont légion à Talata Volonondry.  On y mange uniquement des repas très simples typiquement malgaches comme le « vorivorin-kena sy hena-kisoa » (tripes et viande de porc), les « tsaramaso sy hen’omby » (haricots et viande de bœuf), sans oublier le « vary amin’anana sy kitoza ». Mais par dessus tout, j’adore le goût du « hen’omby ritra » (viande de zébu) cuit au feu de bois, à bas prix de surcroît.

photo 5-2.JPG

3 réflexions au sujet de « Revivre l’ambiance d’antan « au marché des paysans » »

Laisser un commentaire