Antananarivo, de mal en pis…

Sur ce blog, vous êtes plutôt habitués à lire des billets qui parlent de la beauté de Madagascar, de ses différents sites touristiques, de ses beaux paysages, de sa faune et sa flore endémiques, etc. Je devrais finir en beauté cette année 2015 en continuant dans ce sens, mais  ce qui se passe dans ma ville natale m’interpelle et m’a poussé à écrire ce billet. En effet, en revenant de quelques jours de break sur la côte orientale de Madagascar, les ordures et les embouteillages me souhaitent la bienvenue à Antananarivo. Rien n’a changé sous le soleil de Tanà, les choses semblent même empirer.

Tanà, une ville maudite?

Non seulement je suis en colère, mais je me sens également impuissant face à la situation dans laquelle baigne actuellement la ville d’Antananarivo. Tana la capitale de Madagascar croule actuellement sous les ordures. Les routes dans certains quartiers sont en état de délabrement tellement avancé que seuls les 4×4 osent encore s’y aventurer, elles n’ont plus rien à envier des  mauvaises routes en terre desservant tous les recoins enclavés de la Grande île. Les problèmes de bouchons sont loin d’être résolus, cela devient même un vrai calvaire en cette période de fin d’année. L’insécurité n’a jamais atteint un niveau aussi grave. Les actes de banditisme ne se limitent plus à de simples cambriolages mais finissent très souvent par des crimes atroces. Les mendiants remplissent plusieurs rues de la capitale tandis que les non respects des lois et règlements en vigueur tant en matière de circulation, d’urbanisme que de propreté sont légion.

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Les solutions à tous ces problèmes tardent à venir. D’un côté, le pouvoir central ne semble pas du tout avoir tiré des leçons de l’histoire en ce qui concerne sa relation avec la Mairie. Cette dernière est à son tour visiblement  dépassée par les difficultés auxquelles elle est confrontée. Le bras de fer entre l’Etat et la CUA revient de plus belle, l’histoire est un éternel recommencement comme on dit, c’était prévisible.

Pire, les habitants de Tanà sont en train de se diviser au lieu d’unir leurs voix pour dénoncer ces guéguerres inutiles entre responsables, au détriment de la ville des Mille. Les façons dont se déroulent les discussions sur les réseaux sociaux en témoignent. Certains continuent de soutenir inconditionnellement les gestionnaires de la ville en les disculpant de toute responsabilité dans la gestion des ordures, sous pretexte que cette tâche incombe uniquement à la SAMVA qui est sous tutelle du ministère de l’eau. La redevabilité est un terme qui leur semble inconnu. Il faut une prise de responsabilité ferme et rapide de ces autorités à quelque niveau que ce soit. Ils ont l’obligation de trouver ensemble une solution radicale à ces histoires d’assainissement, de gestion des ordures, de routes, d’inondations et d’embouteillage.

Tanà, loin derrière les autres capitales africaines

Contrairement à d’autres capitales africaines qui sont en train de connaître des améliorations significatives en matière d’aménagement et de développement urbain, Antananarivo ne cesse de régresser. Nous sommes restés loin derrière certains pays qui ont connu des guerres civiles comme le Rwanda, de la famine comme l’Ethiopie ou encore de grande crise politique comme la Côte d’Ivoire.

De l’Ethiopie, nous avons surtout retenu l’image d’un pays affamé par la sécheresse, mais les temps ont changé. Ce pays vient de démontrer au monde entier, et à l’Afrique en particulier, sa forte capacité en matière de développement urbain. En effet, Addis Abeba, la capitale éthiopienne  vient récemment de se doter d’un premier tramway sur une ligne d’une longueur de 34 km  pour réduire les embouteillages. Ce mode de transport public d’Addis Abeba est le premier de son genre dans l’Afrique Sub-saharienne (source photos : ici et ici).

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La Côte d’Ivoire fait partie des pays ayant connu une grande crise politique comme Madagascar, mais la ressemblance s’arrête là. La capitale ivoirienne a également inauguré récemment ses nouvelles grandes infrastructures comme l’échangeur du pont Henri Konan Bedié qui fait actuellement la grande fierté de la population d’Abidjan, sans parler des autoroutes qui relient cette ville à d’autres grandes agglomérations dont la toute nouvelle autoroute Abidjan-Bassam. (source photos: ici et ici)

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Qui n’a pas encore lu un de ces articles parlant de la ville la plus propre d’Afrique? Il s’agit de Kigali, la capitale Rwandaise, un pays qui a été auparavant dévasté par la guerre civile. C’est actuellement la meilleure capitale africaine selon la déclaration de l’ONU grâce à ses routes bien aménagées et l’extraordinaire salubrité de ses quartiers. (Source photos: ici et ici)

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Au niveau régional, Madagascar peut toujours fièrement se targuer d’être la plus Grande île de l’Océan Indien, mais sa capitale est manifestement la plus mal gérée de toutes. Que ce soit à Port Louis, Saint Denis, Mahé, les choses ont beaucoup évolué ces dernières décennies. Ce sont des villes dignes de leur statut en termes d’infrastructures urbaines, de projets d’amélioration, d’embellissement et d’aménagement de la ville.

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Bref, on voit que les choses bougent dans le bon sens dans beaucoup de grandes villes africaines, tandis qu’à Antananarivo l’avenir  continue de s’assombrir.

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