La Région ANDROY dans le Sud de Madagascar est surtout connue pour la famine qui touche une grande partie de sa population de manière cyclique. En effet, l’ensemble de cette Région se caractérise par une longue période de sécheresse d’où la pénurie d’eau et de nourriture notamment entre les mois d’octobre et décembre.
Ce billet parle d’une part de la situation dans la ville d’Ambovombe qui est touchée à la fois par l’insuffisance en eau mais aussi par l’avancement des dunes. D’autre part, il est également question dans cet article de la situation de famine plus connue sous l’appellation vernaculaire de « kere » dans les milieux ruraux de la Région Androy.

Ambovombe, un paysage très contrasté
Ambovombe, la Capitale de la Région Androy montre un paysage très contrasté combinant modernité, précarité et tradition. Les bâtis en dur occupent le centre ville, notamment le long des axes principaux. Mais dès qu’on sort de cet axe, l’on n’observe plus que des maisons en bois de type traditionnel.

Les routes d’Ambovombe sont plus ou moins larges mais ne sont pas bitumées. Elles n’ont pas de système de canalisation. Le sable envahit tout le territoire urbain. Bien qu’Ambovombe ne semble compter aucun sans abri en son sein, l’insalubrité due à l’absence de système d’assainissement des eaux usées, de système de collecte de déchets caractérise l’environnement urbain.

Un accès à l’eau très limité
Les rivières et les cours d’eau sont inexistants à Ambovombe. L’accès à l’eau reste ainsi une problématique majeure. Les citadins utilisent l’eau des puits qui sont éparpillés dans les différents quartiers de la ville. Mais comme ces puits appartiennent aux propriétaires des terrains où ils sont creusés, l’accès y est limité.

Des démarcheurs achètent l’eau auprès de ces propriétaires de puits, puis la transportent à l’aide des fûts et des charrettes. L’eau utilisée par la population ne subit aucun traitement avant sa consommation. Les charrettes à zébus qui sillonnent toutes les rues d’Ambovombe assurent ainsi la vente et la distribution de l’eau aux familles. Le prix d’un bidon d’eau est variable selon la période.

Une grande partie de la population ont ainsi des difficultés pour s’approvisionner régulièrement. C’est pour cette raison que l’Etat avait pris l’initiative, il y a quelques décennies de cela, de mettre en place l’AES. Cette structure a eu pour vocation d’assurer l’approvisionnement en eau pour les plus démunis. Toutefois, force est de constater que les camions citernes utilisés autrefois par l’AES pour distribuer l’eau sont réduits en tas de ferraille. Quel gâchis !

Une ville envahie par les dunes
Notez que le littoral se situe à une dizaine de kilomètres seulement de la ville d’Ambovombe. Le vent violent du sud (de la mer vers la ville) apporte continuellement une masse importante de sable. Ce dernier progresse par le phénomène de saltation, soit par sauts successifs. De petits monticules appelés dunes embryonnaires se forment progressivement.

Ces monticules sont colonisés par des plantes tolérantes au sel. Ces plantes constituent des pièges à sédiments très efficaces et les dunes embryonnaires croissent rapidement. Elles se réunissent les unes aux autres pour former des « avant-dunes ». Ce phénomène est à l’origine de la désertification et d’ensablement des terrains de cultures. Pour le cas d’Ambovombe, les dunes progressent vers l’intérieur et le sable envahit plusieurs quartiers de la ville.

La famine dans les milieux ruraux
Même si l’accès à l’eau est relativement limité, les habitants de la ville d’Ambovombe ne sont pas touchés par la famine. Ce n’est pas le cas des populations vivant dans de nombreuses Communes rurales d’Androy. Dans ces zones généralement difficile d’accès, le « kere » guette une population entière de manière cyclique, soit tous les deux ou trois ans, à cause de l’absence prolongée de précipitations.

Pendant cette période de kere, la plupart des ménages se nourrissent de Raketa ou du tamarin mélangé avec de la cendre. Le Raketa, cette espèce de cactus qui pousse pratiquement partout dans cette Région sert de nourriture aussi bien pour l’homme que pour les ruminants, outre son rôle de haie vive pour clôturer les maisons d’habitation et les champs de culture. En effet, le fruit de raketa est à la fois un substitut de l’eau potable, grâce à sa forte teneur en eau et un aliment de base en cas de famine.

Quelles solutions pour l’Androy?
La solution à long terme consiste à régénérer les écosystèmes forestiers dans la Région Androy en général et autour d’Ambovombe en particulier. Les activités de reboisement devraient répondre à plusieurs objectifs à la fois : régénération des ressources en eau, conservation de la flore, protection de la ville et des bassins versants, production de bois d’énergie ou de construction. Des techniques de fixation mécanique et biologique de dune par la mise en place de « contre dune », d’un réseau de fascines et d’une couverture végétale herbacée sont à appliquer.
La construction de nouveaux puits est indispensable pour les villages. La mise en place de pipeline figure parmi les solutions les plus évoquées jusqu’ici, mais ce projet tarde à se concrétiser. Le réseau par pipeline est effectivement avantageux pour la facilité de distribution que ce soit pour les besoins quotidiens ou l’agriculture. Ce ne sont pas les sources permanentes en eau qui manquent, à l’instar de : Bemamba à 58 km, Taranty à 70 km, Beampingaratse à 60 km et Efaho à 93 km. L’exploitation de la rivière Mandrare à Amboasary Sud n’est plus viable dans la mesure où elle est presque à sec à partir du mois d’octobre comme l’illustre l’image suivante.

D’autres alternatives innovantes sont également à étudier pour diversifier les sources et la disponibilité en eau. Parmi ces alternatives figurent les techniques de désalinisation ou dessalement de l’eau de mer, le système d’auto génération de ressources en eaux collinaires ainsi que la technologie de captage des eaux de rosée par un système bionique.

Cette situation liée à la pénurie d’eau dans la Région Androy a déjà fait l’objet de nombreuses études depuis plusieurs années. Mais jusqu’ici, la situation ne semble guère avoir évolué significativement. En attendant une solution durable et efficace, les familles victimes du kere se contentent des dons en nourritures octroyés par l’Etat et par les différentes associations caritatives ainsi que des particuliers.
Rasamy
Merci!
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