Aimez-vous le « hira gasy » ?

Aimez-vous le « hira gasy » ?

J’ai déjà développé sur ce blog des cultures typiques de quelques groupes ethniques de Madagascar comme les AntakaranaBara et Betsileo. Cette fois, je vous invite à mieux connaître et aimer le « hira gasy » ou chant malgache, un patrimoine culturel résumant plusieurs traditions artistiques Merina. En effet, le Hira Gasy appelé également « vakodrazana » (littéralement tradition des ancêtres) est un spectacle populaire mêlant à la fois théâtre, chanson, danse et art oratoire qui caractérisent cette ethnie originaire d’Antananarivo.

Le « hira gasy » un vrai moyen d’enseignement et de divertissement

Le hira gasy fut jadis le principal moyen de communication employé par le Roi Andrianampoinimerina pour transmettre d’importants messages à ses sujets. Le Roi se faisait ainsi toujours accompagner d’une troupe de mpihira gasy lors de ses apparitions, pour communiquer avec le peuple, au grand bonheur de ce dernier car il s’agit en même temps du meilleur divertissement de l’époque.

IMG_3045.jpg

Un spectacle de hira gasy est surtout connu pour sa richesse en enseignements touchant des thèmes aussi variés que l’amour, la patrie, le devoir, le mariage, la relation parents-enfants, les valeurs bien de chez nous comme le « fihavanana », le « tsiny » et le « tody », etc. Tout cela se fait allègrement avec beaucoup de sarcasme et d’humour et n’épargne aucune catégorie de spectateurs: enfant, jeune, adulte, homme ou femme.

En milieu rural, une festivité quelconque n’atteint son apothéose qu’en présence des « mpihira gasy », l’appellation standard donnée à une troupe formée de plusieurs personnes appartenant souvent à une même famille. D’ailleurs, une formation porte très souvent le patronyme des membres qui la composent.

Le « hira gasy » un spectacle à multiples facettes

Le spectacle de hira gasy se déroulant en plein air, les spectateurs forment un cercle entourant les chanteurs. Notons qu’il s’agit surtout d’une bataille entre deux troupes différentes qui se succèdent sur la scène pour séduire le public. On connaîtra à travers les applaudissements sans relâche des spectateurs la formation la plus impressionnante. Les groupes de mpihira gasy les plus célèbres sont ainsi ceux qui arrivent à mieux convaincre le public.

img_3042

Les mpihira gasy se singularisent par leur tenue traditionnelle, formée généralement d’une robe particulièrement longue ornée de dentelles pour les femmes, et une tunique typiquement malagasy appelé « malabary » pour les hommes. Ces costumes sont de couleurs vives, généralement rouge pour les hommes et verte ou rose pour la gent féminine. Les cheveux des femmes sont toujours en mode « Tanavoho », une coupe de cheveux spécifique aux femmes malgaches des hautes terres centrales tandis que les hommes se coiffent avec le fameux chapeau de paille.

img_3046

Au moins trois types d’instruments de musique accompagnent une formation de mpihira gasy, à savoir le tambour ou « amponga », le violon ou « lokanga », la flûte ou « sodina ». A ces instruments peuvent s’ajouter en fonction du groupe le trombone, la trompette et/ou l’accordéon.

IMG_3043.jpg

Outre les littératures orales et les chants, les danses folkloriques constituent un élément essentiel du hira gasy. Ici, les femmes pratiquent les mouvements des mains et d’épaules appelés respectivement « latsi-tanana » et « dia soroka », tandis que les hommes s’adonnent à des mouvements de jambes ou « diamanga » voire à des danses acrobatiques.

img_4874

Le spectacle prend toujours une autre tournure particulièrement émouvante quand les jeunes garçons entrent en scène faisant une démonstration de danses à la fois difficiles et très mouvementées qui ressemblent fortement à des techniques de combats et ce, sous l’unique son des tambours.

Le « hira gasy » dans les temps modernes

S’il continue d’être indissociable à certaines traditions ancestrales comme le « famadihana » ou le retournement des morts, voire les circoncisions en milieu rural, le hira gasy est également de plus en plus présent dans différents autres types de festivités en milieu urbain.  Aussi, n’est-il pas rare de voir le vakodrazana à l’honneur dans des grands hôtels de la Capitale lors d’un mariage, de fiançailles, ou encore d’un anniversaire.

img_4876

Le fait d’organiser un tel spectacle donne même une touche particulière à une quelconque cérémonie, à la grande joie des invités. Ce phénomène est même devenu à la mode chez les familles appartenant à une certaine classe sociale d’Antananarivo.

img_4870

Dans l’objectif de promouvoir ce patrimoine culturel malgache, l’Office Régional du Tourisme d’Analamanga (Ortana) organise chaque année un festival de « Hira gasy makotrokotroka ». Il s’agit de spectacles gratuits et de duels entre les troupes de « Mpihira gasy » qui se tiennent tous les dimanches pendant deux mois. Voilà une initiative particulièrement louable, une sorte de retour aux sources qui a le mérite de raviver cette culture Merina. En tout cas, ce genre de manifestation devrait avoir beaucoup plus d’importance dans le cœur des tananariviens qu’un concours d’imitation ou de « copier et coller ». Et vous, aimez-vous le hira gasy?

Publicité

2 réflexions au sujet de « Aimez-vous le « hira gasy » ? »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s