Un des bas-quartiers d’Antananarivo vient de changer de visage. Il s’agit d’un quartier situé à Ankorondrano. Ce changement consiste en l’amélioration du paysage urbain notamment par le rafraîchissement et le ravalement de la façade principale des maisons qui longent le canal d’Andriantany, que ce soit des maisons en dur ou en bois, des maisons d’habitation ou des gargotiers, toutes sans exception.
Il ne s’agit donc pas à proprement parler de projet de rénovation urbaine, mais plutôt d’embellissement du quartier pour avoir une image à la fois propre et attirante. Les nouvelles peintures sur les façades des habitations donnent ainsi au quartier un nouveau look, très loin de l’image du quartier pollué et insalubre qu’il a toujours dégagée auparavant.
Outre la peinture des maisons, des travaux de réhabilitation et de curage du canal Andriantany ont également été réalisés ainsi que la création de jardins, voire l’installation de petits terrains de pétanque sur ses berges, sans oublier la mise en place de poubelles et de toilettes publiques. L’autre changement concerne le remplacement et le renforcement en nombre des éclairages publics dont des poteaux électriques fonctionnant à l’aide de l’énergie solaire.
En effet, considérée comme étant un projet pilote de résilience urbaine, cette initiative de l’Etat vise non seulement l’embellissement du paysage urbain mais également l’amélioration de l’environnement sanitaire pour réduire les risques de maladies liés à la stagnation des eaux usées.
Mais ce qui fait surtout la différence, c’est l’œuvre des artistes qui ont utilisé leur talent pour décorer l’ensemble de larges murailles érigées sur l’une des deux rives du canal Andriantany. Ce sont des fresques murales impressionnantes qui apportent des touches de gaieté particulières dans le quartier.
Ces dessins muraux qui ont été réalisés au rouleau, au pinceau et/ou à la bombe aérosol ajoutent une réelle valeur au quartier et font visiblement la fierté de ses 3000 habitants. Tout en redorant l’image du quartier, il s’agit en même temps d’une approche à la fois artistique et urbanistique.
Cette pratique de peintures murales est déjà très commune dans de nombreux pays du monde dont les plus connues sont celles des favelas au Brésil. Une telle initiative est ainsi à encourager et à vulgariser pour de nombreux autres quartiers encore insalubres de la Capitale, voire des autres régions de la Grande île.
Ces fresques murales, comme la peinture des façades des maisons constituent une réponse réaliste à l’amélioration des quartiers précaires dont la forte densité urbaine en est une des principales caractéristiques. Il s’agit d’un acte de renouvellement urbain qui ne nécessite pas forcément d’importants moyens financiers, tout en valorisant les talents des jeunes artistes locaux spécialistes du street art.
Non seulement, les ménages profitent amplement de ces travaux de ravalement de façade mais les fresques ajoutent en même temps une touche festive. Les habitants des bas quartiers s’approprient rapidement de ce changement et peuvent le considérer comme un nouveau départ dont ils sont fiers. On peut ainsi transformer leur milieu de vie en quelque chose d’artistique, source de fierté.
Toutefois, afin d’éviter les abus, des mesures d’accompagnement doivent être prises par l’Etat par le biais du ministère chargé de l’aménagement du territoire ou/et par la Commune, dans la mesure où dans notre code de l’urbanisme, il n’y a aucune mention spécifique sur la réglementation d’une telle pratique.