Antananarivo compte actuellement plusieurs dizaines d’écoles supérieures privées dont certaines ayant pignon sur rue jouissent déjà d’une grande renommée en tant qu’établissements sérieux mais dont les frais de scolarité sont inaccessibles, donnant le tournis à la grande majorité des ménages malgaches. Ces derniers se rabattent ainsi sans grande conviction vers l’université publique qui malgré une relative bonne réputation de certains départements est plutôt connue par les grèves incessantes des enseignants et/ou des étudiants qu’autre chose. Comme les places à l’université sont très limitées, des milliers de bacheliers rejoignent les autres établissements supérieurs privés dont beaucoup ne sont finalement que de nom vu les caractéristiques de leurs infrastructures sans parler de la qualité de l’enseignement.
L’Ist Tanà ou Institut Supérieur de Technologie d’Antananarivo, objet de ce billet sort du lot sur plusieurs points. Chaque année, plus d’un millier de candidats se bousculent pour y entrer, mais seule une centaine d’entre eux sont admis par voie de concours. Ici, la discipline et la rigueur ne sont pas de vains mots. Bien qu’il s’agisse d’un établissement d’enseignement supérieur et de recherche rattaché au Ministère où une partie importante des enseignants sont également des fonctionnaires, l’on y entend rarement de grève ou d’autres manifestations de ce genre. Outre les enseignants chercheurs qui donnent des formations scientifiques et techniques, le corps enseignant est composé également de spécialistes ou techniciens issus de divers horizons assurant les enseignements technologiques et professionnels.
Contrairement aux autres établissements qui s’adonnent à la communication de masse ou au matraquage médiatique par le biais des salons, publicités, actions sociales, événements culturels ou sportifs, etc. comme arme de persuasion pour se faire connaître ou pour appâter les bacheliers, l’IST pratique la communication par l’efficacité. Autrement dit, ce sont les étudiants en stage et les sortants de l’institut eux mêmes qui à travers leur comportement exemplaire et leur qualité technique au sein des entreprises, constituent sa force publicitaire. Aussi, l’IST-T garde-t-il depuis sa création d’il y a une vingtaine d’années ses valeurs qui ont forgé sa crédibilité et sa réputation, à savoir : discipline et rigueur, technicité et compétence, bonnes relations humaines.
Il suffit de constater l’engouement des grandes entreprises à nouer un partenariat avec l’IST pour s’en convaincre (voir ici). Cela va des institutions bancaires comme la BNI ou la BFV, jusqu’aux grandes entreprises de travaux publics ou pétrolières telles que Colas et Total ainsi que des grosses boîtes industrielles comme la Star. Grâce à cette bonne réputation, certaines coopérations étrangères comme l’ambassade du Japon ne cessent de soutenir les efforts de l’IST, sans oublier les universités de renom avec lesquelles la direction générale de l’IST vient de signer des conventions de partenariat (voir ici et ici). Cette confiance est également à l’origine de la formation délocalisée de l’Université de La Réunion hébergée par l’IST depuis plus de cinq ans en vue de l’obtention de diplôme de Master 2 en Génie de la Construction, Énergétique et Environnement.
La particularité de l’IST Tanà réside dans sa stratégie de promouvoir la formation de qualité qui évolue suivant les réels besoins du pays en général et du patronat, utilisateur des produits en particulier. C’est dans cette optique que l’IST décide d’ouvrir à partir de la prochaine année universitaire de nouvelles filières dont le parcours d’ingénieur en Aménagement et Génie urbain dans le domaine du Génie Civil, et le cursus Energie Renouvelable dans le département Industriel.
La formation ne se limite pas à des enseignements théoriques en salle mais donne une très grande importance aux pratiques sur le terrain et en entreprise, outre les travaux en laboratoire. A titre d’illustration, pour pouvoir poursuivre leur cursus en formation d’ingénieur, les étudiants doivent impérativement disposer outre son diplôme de technicien supérieur, d’au moins deux années d’expérience professionnelle en entreprise. La technicité prime donc ici sans pour autant négliger la pédagogie universitaire.
Pour terminer, une chose que j’ai pu remarquer, c’est que contrairement à ce qu’on voit dans certains établissements ailleurs (pas partout évidemment) où le bling-bling est roi, les étudiants de l’IST sont plutôt connus pour leur simplicité, et leur retenue tant dans la façon de s’habiller que dans la manière de se comporter en salle, dans l’enceinte de l’école et ses alentours immédiats. Enfin, entre collègues enseignants et membres du personnel administratif et technique, ainsi qu’entre les étudiants, la convivialité est toujours de mise, et ce grâce au dynamisme de deux grandes associations, à savoir APIST (Association du personnel) et GEIST (groupement des étudiants) et de leurs différentes branches respectives (chorale, basket, foot, danses, kabary, …).