Le mois de Mai qui a toujours été craint par les dirigeants successifs à Madagascar comme un mois de la révolte populaire arrive presque à son terme. Certains opposants au Régime ont d’ailleurs annoncé urbi et orbi un renversement du Pouvoir avant la date fatidique du 13 Mai. Mais finalement, rien de tout cela ne s’est produit. Le mois de Mai 2016 a plutôt été marqué par l’organisation de deux évènements économiques majeurs à Antananarivo. En effet, du 19 au 22 mai 2016 se sont déroulées parallèlement à Tanjombato et à Nanisana respectivement la Foire Internationale de Madagascar (FIM) et la Foire de l’Elevage et de la Production Animale (FEPA).
Contrairement à certains citadins qui ne voient que peu d’intérêt à ce genre de manifestation, je trouve toujours du plaisir à déambuler dans les allées de ces foires et visiter ces stands notamment là où les produits de qualité malgaches sont mis en valeur. Cela fait toujours du baume au cœur de voir ces produits made in Madagascar qui résistent tant bien que mal à la concurrence parfois déloyale des produits importés. Ce billet devrait permettre à ceux qui n’ont pas pu y aller d’avoir une idée à la fois de l’ambiance et des différents types de produits qui y ont été exposés.
Ambiance « très classe » vs ambiance « populaire »
Comme à l’accoutumée, un grand hangar de la zone Forello Tanjombato a subi une transformation temporaire avec une décoration digne des grands magasins de luxe pour abriter la FIM qui se veut être le plus grand évènement économique annuel de l’Océan Indien. L’ambiance générale est donc ici très bourgeoise avec des stands aux normes internationales en utilisant surtout des bâches imprimées numériquement. Le cadre est bien étudié pour mettre les visiteurs à leur aise. Par ailleurs, les exposants rivalisent d’imagination pour l’ornementation et la disposition de leurs stands respectifs, sans parler de ces très belles hôtesses pour attirer le plus de visiteurs. Avec un prix d’entrée à 7000 ariary, la FIM n’est assurément pas pour toutes les bourses.
A Nanisana, dans la cour de la Maison du Petit Elevage, c’est plutôt dans une ambiance populaire que s’est passée la FEPA. De simples bâches peu ou prou identiques font office de stands. Ici, on ne voit aucune belle demoiselle pour attirer les visiteurs. On note plutôt la présence d’une part des humoristes et autres animateurs radiophoniques célèbres qui font l’animation sur scène et d’autre part d’un manège donnant à ce rendez-vous annuel des éleveurs et autres petits producteurs l’air d’une kermesse. Bref, une ambiance bon enfant bien adaptée aux besoins des visiteurs qui viennent surtout en famille en payant sept fois moins cher le ticket d’entrée comparé à la FIM, soit 1000 ariary par personne.
Produits de Luxe vs produits de basse cour
A la FIM, ce sont surtout les produits de luxe, des matériels et accessoires divers du monde contemporain de très bonne qualité mais souvent à des prix très élevés qui sont les plus exposés. Cela va des parfums, des tableaux de peinture et autres produits artisanaux de qualité supérieure jusqu’aux produits miniers comme le nickel, en passant par des produits de filtration d’eau potable et des panneaux solaires, sans oublier les services bancaires et les sociétés immobilières et leurs offres de terrains, de villas et d’appartements, etc. Notons également la présence d’un vaste stand spécifiquement dédié au comité d’organisation du sommet de la Francophonie.
A la FEPA, ce sont les produits de basse cour qui dominent le paysage. On y voit un peu de tout, des petits poussins très mignons de quelques jours, aux dindes en passant par les poules pondeuses, les lapins, les faisans et les colombes ainsi que les cailles. Les volailles sont littéralement dans « tous leurs états » : vivant bien sûr, mais aussi en brochette, en charcuterie, grillade, rôti, foie gras, etc. Ici, les centres ou maisons de formation pour le développement de l’élevage à cycle court ont été pris d’assaut par les visiteurs, témoignant un véritable intérêt des gens à ce type d’activité.
Produits industriels vs produits artisanaux
La FIM s’est distinguée par la participation de gros industriels et des grandes sociétés dans divers domaines à l’instar de Vidzar, Star, Hazovato, Socolait, Ambatovy, etc. Les produits industriels ont pris donc ici une place plus qu’importante. Cette foire a permis à ces industries de démontrer encore une fois les efforts considérables qu’ils mènent notamment dans la diversification de leurs produits pour satisfaire une clientèle devenue de plus en plus exigeante en qualité mais aussi pour les besoins en quantité.
A Nanisana par contre, les grandes industries agro-alimentaires ont été quasi-absentes. L’organisateur semble plutôt avoir favorisé les paysans et artisans venant des différentes régions du pays et qui sont principalement appuyés par des projets ministériels de développement rural à l’exemple de PROSPERER. L’on a pu ainsi trouver de nombreux stands exposant des produits artisanaux et naturels de plusieurs types : la vannerie, le miel, les produits en bambous, la confiserie, etc.
Gastro pizza vs Grillades
Le choix a été très limité en matière de restauration à la FIM. La Gastronomie Pizza a détenu le quasi-monopole occupant une très large place dans la salle. Un autre restaurant a été destiné aux VIP, un terme inscrit d’ailleurs carrément à sa porte entrée.
Tandis qu’à l’autre foire, outre les produits charcutiers en tous genres, les odeurs des brochettes de poulets, de zébus ou de poissons ainsi que des rôtis et grillades de poulets ou de cailles ont émané de partout ne laissant aucun visiteur indifférent. Toutes les tables ont ainsi été occupées en permanence, à tel point qu’une longue queue s’est formée devant certains stands pour déguster les plats à base essentiellement de viande.
Grandes banques vs institutions de Microfinance
Outre les grandes sociétés offrant des services de prestations intellectuelles ou non, la FIM constitue également une grande occasion pour les différentes banques de proposer de nombreuses offres de prêts, d’ouverture de compte bancaire, de cartes, etc. Une de ces banques a d’ailleurs été le grand sponsor de cet événement. La présence du ministère des finances à travers le Trésor public expliquant les procédures de souscription aux Bons de Trésor par Adjudication mérite également une mention spéciale.
Ces grands établissements bancaires étant absents à la FEPA, ce sont les institutions de microfinance qui y ont pris leur place. Une situation qui n’a rien d’anormale d’ailleurs dans la mesure où ces dernières semblent les mieux indiquées pour satisfaire davantage les besoins des artisans et petits producteurs.
Bonsaï et vieux rhums vs Manioc et Colombe
Deux types de produits ont particulièrement attiré mon attention à la FIM. Le premier n’est autre que le bonsaï, ces plantes naines appartenant à des espèces très variées, extraordinairement mises en pots de taille de plus en plus petite. Le résultat est une vraie œuvre d’art très impressionnante qui éblouit toujours plus d’un. Viennent ensuite les bons vieux rhums produits par la société Vidzar, laquelle fait actuellement partie des fleurons de l’industrie malgache.
A la FEPA, quelques produits sortaient également du lot, du moins à mes yeux. Il s’agit de ces belles Colombes et autres espèces aviaires comme le Faisan avec ses magnifiques plumes ainsi que ces Lapins de grande taille. Un autre produit a également volé la vedette de par sa taille assez impressionnante, à savoir le manioc géant.