Avez-vous besoin de se déconnecter du monde, le temps d’un week-end ou pour quelques jours ? En avez-vous marre de la pollution urbaine ? Voulez-vous vivre une expérience inhabituelle dans un endroit isolé, loin de vos tracasseries quotidiennes, mais aussi loin de tout confort ? Aimeriez-vous en même temps faire des découvertes saisissantes sur la biodiversité et sur les paysages ruraux de l’Est de Madagascar?
Eh bien, je vous suggère d’aller à Vohimana, un autre joyau méconnu des touristes nationaux et étrangers que je vous invite à découvrir à travers ce billet.
Détente et plaisir de la vie en toute simplicité
Vohimana est une réserve expérimentale située à seulement une dizaine de kilomètres du parc national d’Andasibe. Créée par l’ONG Homme et Environnement, elle est gérée par une Association locale depuis déjà une vingtaine d’années de cela.
Pour y accéder, suite au passage du cyclone Enawo au mois de février 2017, il faut laisser la voiture au niveau d’une localité appelée Ambavaniasy à 150km de Tanà sur la RN2. L’association locale s’occupe de son gardiennage. Vous pouvez également prendre le taxi-brousse et descendre à ce même endroit. Puis, le reste du trajet se fait à pied sur environ 4km, en traversant des cours d’eau, grimpant des collines, dévalant des pentes et suivant une voie ferrée.
Ce trajet constitue déjà une première randonnée pédestre que l’on doit faire dans la bonne humeur, donnant un avant-goût des nombreuses surprises qui pourraient vous attendre une fois arrivé à Vohimana.
Cette Réserve enregistre jusqu’ici un assez faible taux de fréquentation touristique et les touristes nationaux y sont rarissimes. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que contrairement à Andasibe où vous trouverez facilement des hôtels de luxe et des restaurants haut de gamme, ici vous passerez la nuit dans un dortoir à 10.000 ariary par personne ou dans un bungalow familial à 20.000 ariary la nuitée. Des infrastructures d’accueil très rustiques donc, mais qui s’intègrent totalement à l’environnement du site et répondent parfaitement au concept de l’écotourisme.
Un endroit idéal pour ceux qui aimeraient bien vivre une expérience enrichissante au milieu d’une forêt primaire, dans un endroit où ni l’électricité ni le réseau téléphonique ne fonctionne, encore moins la connexion internet. Pendant toute la nuit, vous entendrez le murmure du ruisseau de Vohimana et de ses cascades ainsi que les chants des Batraciens. Bref, on ne vient pas à Vohimana pour le confort mais pour plonger dans un environnement naturel singulier.
Une biodiversité exceptionnelle dans la forêt primaire de l’Est
S’étalant sur une superficie de l’ordre de 1600 ha, la forêt de Vohimana regorge une richesse inestimable en biodiversité très caractéristique de la façade orientale de la Grande île. La plupart des espèces phares d’Andasibe s’y rencontrent également. On y dénombre entre autres onze espèces de Primates dont six diurnes et cinq nocturnes, y compris l’Indri indri, le plus grand lémurien de Madagascar. Le circuit « babakoto » du site permet justement d’observer ces lémuriens ainsi qu’une multitude d’autres espèces animale et végétale endémiques du pays, voire de la Région.
Sa richesse en espèces aviaires est également particulièrement importante. Il en est de même pour l’herpétofaune. D’ailleurs, l’une des particularités de Vohimana est la présence d’un petit caméléon au nez remarquablement long, plus connu sous le nom scientifique de Calluma gallus que l’on peut trouver assez facilement ici, mais qui apparemment est introuvable dans des sites plus célèbres comme Andasibe.
Des rivières, cascades et piscines naturelles impressionnantes
Le circuit le plus court proposé par le site passe tout d’abord sur un « vertigineux » viaduc, de surcroît sans garde-corps, donnant une vue hallucinante sur Vohimana d’un côté et Sahatandra de l’autre, les deux principaux cours d’eau qui singularisent cette zone.
Juste après le viaduc, on s’enfonce dans la forêt où se cache un ancien tunnel abandonné qui est devenu un dortoir des chauve-souris. En sortant du tunnel, l’on entend immédiatement le bruit incessant de la première cascade de Vohimana avec ses piscines naturelles aussi bien en amont qu’en aval.
Sur un autre circuit plus long, on suit la voie ferrée sur quelques kilomètres pour déboucher finalement sur une autre encore plus magnifique cascade d’une cinquantaine de mètres, tellement imposante que l’Etat y envisagerait même de construire un barrage hydroélectrique selon un guide local.
Découverte des villages ruraux Betsimisaraka
Le dernier circuit cité précédemment traverse également quelques villages très caractéristiques du milieu Betsimisaraka, l‘ethnie dominante dans cette Région avec leurs maisons principalement en bois sur pilotis pour se protéger des eaux et de l’humidité, sans oublier leurs toits en Ravenala. Le circuit passe également au niveau de la Gare ferroviaire de Fanovana.
Dans ces villages, à côté des maisons d’habitation vous remarquerez d’autres cases plus petites, toujours sur pilotis mais qui s’élèvent jusqu’à plus d’un mètre de hauteur. Ce sont des greniers à provision. De larges disques de bois sont mis entre les pilotis et le plancher de la case de façon à ce qu’aucun rat ne puisse y accéder.
Un bel exemple de valorisation des ressources naturelles
Parallèlement à ses activités écotouristiques, le site de Vohimana produit également des huiles essentielles de manière artisanale par le biais de deux unités d’alambic. La visite de Vohimana permet ainsi aux touristes de comprendre parfaitement comment fonctionne un alambic, depuis le chauffage à l’aide d’énormes troncs d’eucalyptus de la chaudière jusqu’à l’étape finale pour l’obtention des gouttes d’huile.
En effet, l’extraction de l’huile essentielle se fait par un procédé de distillation à la vapeur d’eau des feuilles. De nombreuses associations locales se relaient pour approvisionner ces deux alambics en feuilles, lesquelles constituent donc une source de revenus d’appoint non négligeable pour plusieurs ménages dont l’agriculture étant l’activité principale. Les matières premières exploitées sont ici le « ravintsara », le « longozo » ou le « sakavirondambo ».
Mais … après l’émerveillement, la désolation?
Comme toutes les autres Réserves naturelles de ce genre dans l’ensemble du pays, celle de Vohimana n’est pas épargnée par les pressions anthropiques qui deviennent de plus en plus menaçantes. Tout autour de la Réserve, on ne constate que de la désolation à cause entre autre des feux et des défrichements qui risquent de grignoter progressivement les lisières forestières. Vohimana ressemble ainsi finalement à un oisis au milieu d’un désert.
Vohimana a également été touché par les activités d’Ambatovy. Une partie non négligeable de ses surfaces forestières a dû effectivement être décapée en vue de l’implantation du pipeline de cette grande société d’exploitation minière, moyennant compensation. A tout cela s’ajoute les effets des cyclones dont le dernier en date a provoqué d’énormes éboulements frappant le cœur du site.
Pour terminer, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon séjour à Vohimana. Votre visite est essentielle pour la sauvegarde de cet autre joyau de la Grande île qui fait ainsi partie des derniers vestiges de la forêt dense humide de l’Est de Madagascar.
Une réflexion au sujet de « Vohimana, un autre joyau méconnu à Madagascar »