“Raha maty aho matesa rahavana”

J’allais écrire un billet sur une autre destination phare de la Grande île, quand l’idée de réagir par rapport à cette grève des agents d’Air Madagascar me vient à l’esprit, surtout après la lecture de certains articles dans les journaux. Quels qu’en soient les motifs qu’ils avancent, je ne leur donnerai jamais raison, notamment sur la façon dont ils la mènent. Une grève sans aucun service minimum dont la principale victime ne sera jamais le DG de la compagnie ni le PCA et encore moins le ministre. Malgré le fait de perdre leur grand confort actuel, si jamais le président décide de les démettre de leurs fonctions, une situation qui taraude toujours les esprits de tous les hauts fonctionnaires de l’Etat, pour dire qu’ils n’en ont jamais été à l’abri, ces gens-là auront déjà au moins de quoi leur permettre de vivre comme des nababs jusqu’à leur mort.

Ceux qui souffrent énormément, ce sont en premier lieu les passagers, les agences de voyage et toutes les entreprises dont les activités dépendent étroitement du bon fonctionnement de cette compagnie aérienne. Un retard de quelques heures représente déjà un chamboulement considérable sur les programmes des différentes agences, et j’imagine bien tout le mal que peut engendrer une annulation pure et simple d’un voire de plusieurs vols, sans parler des préjudices subis par les individus directement touchés.

Certes, les révélations sur les mauvaises pratiques des dirigeants qu’on peut lire sur les réseaux sociaux et dans les journaux avec les chiffres incommensurables à nous donner le tournis, laissent plus d’un carrément  sans voix. Si de telles affirmations sont avérées, des sanctions très sévères devront servir d’exemple. Pour autant, ce n’est pas du tout une raison suffisante pour paralyser toute une compagnie et détruire d’un seul coup tous les efforts qui ont été durement menés depuis plusieurs années pour la relance du tourisme à Madagascar. De surcroît, tout ceci se déroule en pleine haute saison touristique.

J’admoneste donc les premiers responsables qui n’ont jamais su prendre les mesures nécessaires pour éteindre ce feu qui couvait depuis très longtemps au sein de la compagnie, et dont les agissements semblent même avoir été à son origine. Mon indignation va surtout à l’encontre du personnel en grève qui ne cherche/trouve aucune autre solution que de sanctionner sévèrement leurs propres passagers, et dont le mouvement ne fera qu’accentuer davantage les pertes déjà énormes enregistrées par Air Madagascar. Le fait de « prouver » l’existence de ces pratiques, aussi malsaines et destructrices soient-elles, ne peut justifier en aucun cas une grève dont le résultat est pratiquement le même, c’est-à-dire mettre KO ce fleuron de Madagascar.

Plusieurs auteurs n’ont jamais cessé de répéter que si Madagascar demeure parmi les pays les plus pauvres du monde, c’est premièrement à cause des malgaches. Un avis que plusieurs d’entre nous ont toujours du mal à admettre, mais qui hélas se confirme de plus en plus. Nos ancêtres avaient donc bien raison quand ils ont inventé ce dicton : « Raha maty aho, matesa rahavako » (si je meurs, mourrez avec moi). C’est ma lecture de cette histoire de grève du personnel d’Air Madagascar.

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