Les mouvements syndicaux s’enchainent malgré les difficultés évidentes rencontrées par l’Etat en termes de trésorerie et la pauvreté ambiante qui gangrène une large proportion des ménages malgaches. L’avenir semble d’autant plus inquiétant quand on voit la dictature des syndicalistes et la radicalisation de leurs mouvements pour obtenir coûte que coûte gain de cause dans leurs revendications.
Les grévistes d’Air Madagascar ont obtenu ce qu’ils ont réclamé après plus de quarante jours de grève, ayant entraîné des dommages sans précédent sur le secteur du tourisme. Tous les opérateurs touristiques ont été unanimes quant aux impacts négatifs majeurs de cette grève notamment sur les réservations dont le taux d’annulation aurait déjà atteint plus de 60%. Si tout le monde s’attendait à une nette amélioration de la situation au sein de cette compagnie après la démission de ses premiers responsables, principal prétexte de cette grève, force est de constater que le problème de retard ou d’annulation des vols demeure d’actualité (lire également ici).
Suite à cette faiblesse de l’Etat face au syndicat d’Air Madagascar, d’autres lui ont naturellement emboîté le pas. C’était évidemment prévisible, cela ne pourrait pas se passer autrement. Plus question de revenir sur leur décision de tout arrêter jusqu’à ce que le pouvoir leur donne entière satisfaction. La preuve en est que le syndicat des agents des Domaines vient également d’obtenir tout ce qu’il a exigé. Même la lettre de politique foncière dont l’élaboration a suivi un long processus et a vu la participation d’une multitude d’acteurs, y compris les représentants dudit syndicat, a donc subi une modification importante sans tenir compte des avis des autres acteurs du foncier. Je suis totalement du même avis que le SIF sur ce point (voir ici).
L’autre grève qui n’est d’ailleurs plus une surprise est celle du syndicat des enseignants chercheurs. Il n’y a pas une seule année universitaire sans que les enseignants, les étudiants ou bien le personnel administratif et technique n’entrent en grève, bloquant toutes activités pédagogiques pendant une période plus ou moins longue pour une revendication ou une autre. Cette fois, le Seces n’attendait que de voir une brèche s’ouvrir pour s’y incruster sans difficulté. En effet, le Seces savait pertinemment que l’Etat ne pourrait indéfiniment faire deux poids deux mesures face à ces grèves en donnant satisfaction aux réclamations des autres tout en ignorant les siennes. Il n’a donc fallu à ce syndicat que quelques semaines pour obtenir au moins une partie des indemnités qu’ils ont revendiquées depuis plusieurs années, et ce au détriment des étudiants. Pire, le Seces a durci son mouvement en menacant de boycotter l’examen du baccalauréat.
La quatrième grève qui pourrait également être considérée comme la plus destructrice sur le plan socio-économique est celle des syndicalistes de la Jirama. Les avis sont partagés quant à la légitimité de leurs revendications. Je trouve navrant le fait que quand tous les régimes qui se sont succédé ont puisé dans la caisse de la Jirama, ayant conduit à sa situation critique actuelle, ces syndicalistes étaient totalement invisibles et ne parlaient jamais de l’intérêt de sauvegarder ce patrimoine national. Il a donc fallu ce contrat signé entre l’Etat et une société américaine sur je ne sais trop quoi pour que les employés de cette société de production d’eau et d’électricité sortent de leur torpeur en invectivant des propos dignes des nationalistes invétérés. En tout cas, peu importe la société qui prendra en main l’avenir de la Jirama, je pense que la privatisation est un mal nécessaire voire inéluctable. La Telma, la Solima et les banques sont passées par là, et nous voyons actuellement les résultats notamment en termes de qualité de service. Les différentes sociétés rivalisent d’imagination pour attirer le plus de clients, à notre grande satisfaction. Ici, au lieu d’inciter les investisseurs étrangers à venir en masse, on fait tout pour les en dissuader. Le fait de voir des étrangers s’investir dans des grandes sociétés d’Etat est toujours considéré comme « fivarotana tanindrazana » (vente de la patrie). Non seulement on est incapables de produire comme il faut, mais on empêche les autres de le faire à notre place, et les résultats sont évidents, inutile de se voiler la face.
Bien évidemment, l’Etat n’est pas du tout exempt de tout reproche dans la gestion de ces mouvements syndicaux. D’un côté, le dicton « gouverner, c’est prévoir » n’est jamais le fort de nos dirigeants. De l’autre côté, l’Etat doit toujours faire preuve d’autorité devant ce forcing des syndicalistes dont certains sont des éternels insatisfaits. La galère semble loin d’être terminée pour le gouvernement en se référant à cet article de ledaily.
Je suis toujours contre les grèves ou autres manifestations de rues quels qu’en soient les motifs. D’autant qu’en cette période, l’économie a plus que jamais besoin d’apaisement social et de stabilité politique pour décoller, et ce après plus de cinq années de crise.
Au risque de se faire traiter de tous les noms d’oiseaux nuisibles par les pro-grevistes, je me dois d’être en accord avec eux !!! (sic). Continuons alors de faire la grève, on finira tous de toute façon un jour par crever …de faim, autant le faire maintenant. Comme dit la pub : « Izay mi-grève ihany no mahazo » (seuls ceux qui font la grève gagnent).
Une réflexion au sujet de « Izay migrevy ihany no mahazo e! »