Comme mon dernier voyage en train à Madagascar remonte déjà à plus de vingt ans, du temps où la ligne ferroviaire Antananarivo – Antsirabe était encore fonctionnelle, j’ai décidé très récemment de prendre le train de la ligne MLA qui relie la ville d’Ambatondrazaka à celle de Moramanga. Cela m’a permis non seulement d’éviter le calvaire de la RN44 mais aussi de revivre l’ambiance d’antan d’un voyage en train.
Le voyage a commencé à Ambatondrazaka. Le train ayant été déjà à quai, les passagers attendaient impatiemment l’embarquement dans le hall de la gare depuis 6 heures du matin. Les bagages y font la queue. Le départ est prévu à 7 heures. Parmi les nombreux wagons du train, trois seulement sont réservés aux passagers dont deux wagons de deuxième classe et un top wagon (première classe), le reste sert uniquement à transporter des marchandises.
Quand le temps d’embarquement est enfin arrivé, tous les passagers se sont bousculés pour monter à bord des wagons de deuxième classe. Rares étaient par contre les voyageurs ayant acheté un billet pour le top wagon. Pour bien profiter du paysage, j’ai réservé une place côté fenêtre dans le sens de la marche du train dans le top wagon la veille de mon départ, auprès de Meva Services.
A sept heures pile, les trois coups de sifflet ont retenti annonçant le départ imminent du train. Voilà donc une première surprise agréable, aucun retard sur le départ. L’heure c’est l’heure pour notre train. En revanche, avec une vitesse moyenne de 30km/h, le voyage va se dérouler très lentement mais sûrement, d’autant plus qu’on recense pas moins de cinq arrêts intermédiaires sur cet itinéraire.
La deuxième bonne surprise a été la salubrité et la relative bonne qualité du top wagon avec ses beaux sièges, son mini bar et les rideaux roulant en bambous. Étant assez bien entretenu, le WC en dépit de sa petite taille est également d’une propreté loin d’être douteuse. Sur plusieurs dizaines de places disponibles, seules quelques unes sont occupées. Un seul étranger se trouvait à bord.
Les deux autres wagons affichent à leur tour complet. Toutes les places étant prises, certains passagers sont même obligés de rester debout pendant tout le trajet. D’autant que ces wagons se remplissent davantage tout au long du parcours.
A chaque point d’arrêt, une ambiance bon enfant se dégage dans la gare grâce à la présence d’une multitude de marchands ambulants proposant aux voyageurs différentes sortes de fruits, divers types de beignets, du maïs, des œufs durs, des poissons frites, des cacahuètes, sans oublier bien évidemment les fameux « koba ravina », voire des volailles, etc.
Chaque escale peut durer plusieurs minutes, le temps de charger des marchandises et d’embarquer les nouveaux passagers. En effet, des tonnes de marchandises, notamment des sacs de riz et des fruits sont prêts à être embarquées dans les gares intermédiaires. La patience est donc ici de rigueur, le chargement se faisant à dos d’homme.
Ce train est visiblement d’une très grande utilité pour les producteurs, en facilitant l’évacuation de leurs produits. Il est également bénéfique pour plusieurs autres catégories de personnes sur son passage. Outre ses propres employés et simples voyageurs, l’on peut également citer parmi les principaux bénéficiaires les vendeurs en tous genres allant des petits marchands à la gare jusqu’aux grands commerçants opérant dans la région en passant par les dockers et les transporteurs intermédiaires. Le recours au train pour une évacuation sanitaire serait aussi courant vu l’état de la RN 44.
Contrairement à ceux de la ligne FCE vers Manakara, les paysages sont ici beaucoup moins variés. Les forêts naturelles étant rares, ce sont surtout les rizières et les collines dénudées ou herbeuses qui dominent le paysage. Le voyage le long de cette ligne ferroviaire MLA permet surtout de se rendre compte de l’importance considérable du phénomène de « lavakisation » qui gangrène cette région d’Alaotra Mangoro.
Les forêts artificielles d’eucalyptus et de pins occupent également une place prépondérante sur plusieurs kilomètres avant l’entrée à Moramanga, et dans lesquelles une multitude de charbonniers sont à pied d’œuvre. Le train traverse très peu de zones d’agglomération humaine mais passe tout près de nombreux hameaux typiques du milieu rural de l’Antsihanaka.
Mais ce qui m’a surtout choqué lors de ce voyage, c’est de voir la plupart des bâtiments des gares intermédiaires en état de ruines. A Andilana Antoby, juste une table et deux chaises installées à ciel ouvert au milieu d’un vestige de la gare font office de guichet de vente de billets.
A 15 heures tapantes, le train est enfin arrivé à la gare de Moramanga, soit exactement une durée totale de huit heures pour quelque 150 km, un trajet qui se fait seulement en quelques minutes pour un TGV, mais c’est la preuve que nous sommes à Madagascar au pays du « moramora ».
Bonjour,
La ligne dont tu parles reliant ambatondrazaka à mohimanga est elle toujours en fonction? Car je n’arrive pas à trouver où je peux réserver des places
Merci 🙂
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Oui c’est encore fonctionnelle. Il faut aller à Moramanga pour acheter les billets. A ce que je sache, il n’y a pas de réservation en ligne.
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