La situation actuelle ressemble étrangement au contexte socio-économique et politique que nous avons déjà vécu durant les dernières années de l’ère Ravalomanana. Madagascar semble encore loin d’être à l’abri d’une crise politique. L’idée d’une nouvelle transition fait encore une fois son bonhomme de chemin auprès de certains états-majors politiques. Par ailleurs, l’annonce de grève par les différentes corporations n’augure rien de bon.
Les grandes réalisations de Ravalomanana n’ont pas pu empêcher sa chute :
Pendant son premier mandat, Ravalomanana s’est surtout distingué par la confiance que les bailleurs de fonds lui ont accordée. Une confiance qui s’est traduite par la concrétisation de nombreuses infrastructures dans plusieurs Régions, dont principalement la réhabilitation des routes nationales : route de Vatomandry, route de Vohémar à Antalaha en passant par Sambava, « l’autoroute » du plateau de Ihorombe, et surtout la RN6 entre Ambondromamy et Ambanja.
L’ère Ravalomanana s’était également caractérisée par la naissance et/ou la continuation de plusieurs projets d’envergure, à l’instar des projets BVPI, PE3 et PIC, sans oublier la construction et l’ouverture d’une multitude de bâtiments scolaires et de centres de santé de base à travers tout le territoire national jusqu’aux endroits les plus reculés de l’île.
A Antananarivo, les routes du by-pass, du marais Masay et le boulevard de l’Europe étaient l’œuvre de Ravalomanana sans parler des infrastructures et autres équipements qui ont été prévus pour accueillir le sommet de l’Union Africaine comme le Centre de Conférences International d’Ivato et le grand hôtel cinq étoiles.
Mais à quelques mois de la tenue du sommet, d’un coté certains bailleurs ont suspendu leurs aides financières suite à des décisions inopportunes du Pouvoir et notamment à cause du manque de transparence dans la gestion des fonds publics. D’un autre côté, Ravalomanana avait eu du mal à prévenir et maîtriser la machine de guère déjà en marche des fomentateurs de prise de pouvoir illégale ce qui a entraîné sa chute rapidement en dépit de tous ces exploits. D’où la transition qui a été catastrophique sur plusieurs plans et qui a mis le pays au ban de la communauté internationale pendant plus de cinq ans.
Rajaonarimampianina est-il en train de suivre la voie de Ravalomanana ?
Dire que le régime actuel n’a aucune grande réalisation à son actif est quand même exagéré, n’en déplaise à ses détracteurs. Nous sommes en 2016, et Rajaonarimampianina n’est qu’à la moitié de son (premier ?) mandat. Plusieurs grands projets sont en vue ou déjà en cours de concrétisation, parmi lesquels je citerais surtout : la réhabilitation de la RN9 de Toliary à Morombe (en cours), la réhabilitation de la RN5 dont le financement vient d’être signé, la réhabilitation de la RN12A de Vangaindrano à Fort-dauphin récemment annoncée par l’UE, le projet de réhabilitation d’une portion de la RN13 toujours vers Fort-dauphin (en vue).
Les bailleurs de fonds sont en train de financer une kyrielle de projets de plusieurs millions de dollars chacun, dont : PURSAPS (suite de BVPI), TMDH (Vatsin’ankohonana) et ACTP avec le Ministère de la population et le FID, Projet PAUET (Education), projet REDD+ (Environnement), projet PAGOSE (Energie), projet PIC2 (Infrastructures, Tourisme, …), etc. Ces projets devraient avoir des impacts palpables notamment dans l’amélioration des conditions de vie des couches de population les plus vulnérables.
Si la plupart de ces projets ne sont qu’à leur début, exactement comme au premier mandat de Ravalomanana, d’autres grands travaux sont déjà achevés, tels que : la grande prise de Bevoay dans le périmètre de Bas Mangoky, la réhabilitation des infrastructures hydro-agricoles dans le périmètre d’Anony dans l’Alaotra, le barrage d’Ankaibe à Andapa.
Pour Antananarivo, les grands chantiers entrant dans le cadre de l’organisation du sommet de l’OIF ont déjà commencé, à savoir : la route de Tsarasaotra vers Ivato, la nouvelle bretelle Digue – Ankazomanga – Ankorondrano, l’extension de l’aéroport, sans oublier la construction du grand village de la Francophonie et des deux nouvelles gares routières respectivement à Ambohimanambola et Andohatapenaka.
Toutefois, à l’allure où vont les choses actuellement, j’ai comme l’impression que nous sommes en train de revivre l’ambiance politique délétère ayant précédé l’événement de 2009, avec ces grèves qui couvent un peu partout à l’approche du mois de Mai et ces déclarations tonitruantes de certains politiciens exigeant l’organisation d’une élection anticipée voire la mise en place d’un gouvernement de transition. On dit que l’histoire est un éternel recommencement et nous savons également que les malgaches ne tirent que rarement les leçons de l’histoire, ceci étant valable tant du côté des dirigeants que du peuple.
Non à une nouvelle transition:
Force est de reconnaître que nous avons toujours eu les gouvernants que nous méritons et dont les actions demeurent jusque-là loin d’être satisfaisantes. Mais de là à parler de transition, d’élection anticipée voire d’une descente sur la place du 13 mai, je pense qu’il y a un pas à ne plus franchir.
Pour un abruti comme moi, au lieu de ne regarder tout le temps qu’un verre à moitié vide, je préfère optimiser l’autre moitié pleine quitte à être traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure. Pour l’intérêt supérieur de la Nation et de «notre ration à nous tous», tous les politiciens doivent s’atteler à une bonne préparation des élections à venir et à attendre sagement 2018. Il faut dénoncer sans relâche tout abus de pouvoir et la mauvaise gouvernance, mais je pense que le pays ne peut plus se permettre d’entrer dans une nouvelle période transitoire quels qu’en soient les motifs.
Bien évidemment, le Pouvoir a intérêt à ne pas ignorer ces critiques qui fusent de partout et à prendre dans l’immédiat des mesures drastiques et significatives allant dans le sens de l’apaisement et de la bonne gouvernance, sinon pour voir le début d’un vrai décollage économique, du moins pour garder une situation politique stable pouvant le mener jusqu’au terme de son mandat. Quant à une éventuelle descente sur la place du 13 mai, le plus jamais ça est de rigueur.