A Madagascar, pourquoi la réhabilitation du chemin de fer est une urgence nationale?

A Madagascar, pourquoi la réhabilitation du chemin de fer est une urgence nationale?

A quand un Madagascar où tout va plus vite, où les marchandises arrivent plus vite, où le carburant monte sans souci vers l’intérieur du pays, et où les touristes découvrent nos paysages magnifiques, grâce à des trajets en train agréables et rapides. Ce rêve, qui est une réalité dans beaucoup de pays en développement et même chez nos voisins africains, semble bien loin pour Madagascar. Le train, qui était autrefois si important pour notre île, a été laissé à l’abandon.

Une comparaison qui fait réfléchir entre l’Afrique qui avance et Madagascar qui attend

Pendant que de nombreux pays investissent massivement dans leurs trains pour grandir économiquement, Madagascar a fait le contraire. Regardez l’Éthiopie, son train Addis-Abeba-Djibouti a boosté tout le commerce de la région. Le Kenya a son SGR (Standard Gauge Railway) qui relie Mombasa à Nairobi, rendant les transports bien moins chers et plus rapides. Le Maroc a même un TGV, le « Al Boraq », symbole de modernité.

Ces pays ont bien compris qu’un bon réseau de trains est vital pour ouvrir les régions isolées, stimuler l’industrie, faciliter le commerce et attirer les visiteurs. Mais chez nous, à Madagascar, cette évidence semble avoir été ignorée, année après année, par les dirigeants qui se sont succédé.

Un réseau fatigué qui interpelle à Madagascar

Les lignes ferroviaires malgaches sont caractérisées par leur faible exploitation. C’est le cas de la ligne Moramanga Lac Alaotra (MLA), sur laquelle j’ai déjà consacré un article sur ce blog. Pour parcourir seulement une centaine de kilomètres, il faut presque une journée entière. C’est un temps de trajet impensable qui décourage tout projet d’affaires ou de tourisme.

La ligne Antananarivo – Toamasina est aussi faiblement exploitée alors qu’il s’agit d’une vraie artère qui relie le plus grand port à la Capitale du pays. Elle est absolument vitale pour transporter de grosses quantités de marchandises jusqu’à Antananarivo, surtout le carburant qui alimente ensuite plusieurs Régions du pays. On imagine facilement l’impact qu’un train efficace aurait sur le prix des transports et des produits de première nécessité. En plus, cette ligne traverse des paysages magnifiques et offre un énorme potentiel pour le tourisme. De nombreux petits villages pourraient profiter de l’arrivée plus importante de visiteurs, à l’instar d’Ambila Lemaitso.

La ligne Fianarantsoa-Côte Est (FCE) est très appréciée des touristes qui veulent explorer le sud-est de Madagascar. C’est un voyage inoubliable à travers des paysages incroyables. Malheureusement, son état de vétusté n’est plus à prouver. On y compte d’ailleurs de nombreux accidents, ce qui met en danger les voyageurs et freine son immense potentiel touristique et économique pour cette région si riche.

N’oublions pas non plus la ligne reliant Antananarivo à Antsirabe. Autrefois très populaire auprès des touristes et des Malgaches pour leurs déplacements, elle n’est aujourd’hui plus qu’un lointain souvenir pour le transport de voyageurs. Désormais, seuls les convois de marchandises l’empruntent, nous rappelant le potentiel perdu pour le tourisme et la mobilité des populations locales.

Quels sont les blocages ?

On entend de plus en plus dire que le mauvais état de nos chemins de fer n’est pas dû au hasard. Beaucoup pensent que des personnes influentes, proches de certains politiciens et de grands transporteurs routiers, ont freiné exprès le développement du train.

En laissant le réseau se dégrader, quelques-uns pourraient continuer à faire de bonnes affaires, au détriment de l’efficacité pour tout le pays et du bien-être de la population. Est-ce la vérité? Ce n’est pas à moi de le confirmer ou de l’infirmer. Mais ce qui est évident, c’est qu’on a un réseau de chemin de fer fatigué qui n’a pas évolué pendant longtemps.

L’heure de la reprise, pour un Madagascar connecté et riche

Remettre en marche l’ensemble du réseau ferroviaire malgache n’est pas juste une option. C’est une nécessité absolue pour le développement économique et social de la grande île. Un train moderne, c’est moins de coûts et de temps pour le transport. Nos produits deviendront plus compétitifs et le pouvoir d’achat des Malgaches augmentera. C’est aussi l’occasion d’ouvrir les régions les plus reculées, d’offrir de nouvelles chances aux habitants et aux entreprises locales.

Le tourisme durable prendrait son envol, mettant en valeur la beauté naturelle et la richesse culturelle de Madagascar. Enfin, nos approvisionnements seraient plus fiables et moins chers, en particulier pour les produits essentiels.

Comme nous parlons sans cesse maintenant de refondation, il est grand temps que nos dirigeants comprennent l’urgence de la situation. Il est temps de briser les chaînes de ces intérêts personnels qui freinent notre avancée. Le sifflet du train de Madagascar doit résonner à nouveau, porteur d’espoir et de développement pour tous.

Rasamy

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