Antsahadinta, une colline autrefois infestée de sangsues, une Commune à 20 km de la Capitale de Madagascar, un des 12 berceaux de la royauté de l’Imérina, recèle un patrimoine, un monument exceptionnel qui témoigne de la richesse de son histoire. Un site historique hélas menacé par l’oubli, par la méconnaissance et par conséquent par la désertion des touristes et visiteurs à cause essentiellement du mauvais état de la route pour y accéder. Depuis quelques années, rares sont ainsi les touristes et les visiteurs qui se rendent à Antsahadinta.
Les richesses et la beauté du paysage atypique d’Antsahadinta sont oubliées et délaissées au profit des autres vallées historiques et des parcs naturels mieux connus de Madagascar. Ce patrimoine est d’autant plus en péril que sa conservation est loin d’être une priorité pour l’Etat.
Notre récente visite dans ce haut lieu historique de l’Imerina nous a permis de percer une grande partie de ses secrets et d’apprécier les paysages extraordinaires qui l’entourent. Outre l’incursion dans l’enceinte royale, je vous invite à découvrir à travers ce billet d’autres activités que l’on peut organiser à Antsahadinta.
Connaître l’histoire de l’une des douze collines sacrées de l’Imerina
D’emblée, à environ 2 km avant d’entrer à la Commune d’Antsahadinta se dresse un tombeau royal sur un très gros rocher. En passant à côté, il est impossible de ne pas ressentir le parfum des curiosités et le souffle de l’histoire des royaumes de l’Imerina. Une fois arrivée au niveau du chef lieu communal, il faut encore suivre un assez long chemin à forte pente et un peu sinueux pour atteindre la colline sacrée proprement dite.
A l’instar des autres lieux sacrés à Madagascar, la configuration de monuments funéraires domine dans l’enceinte royale avec les rangées de tombeaux royaux, pourvu chacun d’une maisonnette en bois appelée « tranomanara », le signe distinctif des clans royaux.
A l’intérieur de cette colline boisée, outre les tombeaux, un édifice religieux et d’autres traces de l’histoire sont encore bien conservés. Toutefois, comme le palais royal n’a pas résisté au temps, un musée consacré à l’histoire d’Antsahadinta a désormais pris sa place, plus précisément à l’ouest de l’ancien édifice.
Situé ainsi dans l’enceinte royale, ce musée d’histoire est un véritable écrin pour les trésors d’Antsahadinta. La première pierre fut posée en 1957, où quelques présidents de la République Malagasy y ont laissé les empreintes de leur passage dont le Président Philibert Tsiranana. Le musée rassemble une collection d’objets spécifiques qu’un Syndicat d’initiative local a réussie à obtenir auprès des natifs et des familles fières de leur origine.
Les curiosités qui y règnent font de ce musée un lieu idéal de visite en famille, surtout avec les enfants et les adolescents. Le lit de la Reine Rabodozafimanjaka, l’une des épouses du Roi Andrianampoinimerina, qui a été chargée de gouverner Antsahadinta y est par exemple exposé. Un guide local y est disponible pour expliquer la valeur de ces objets et surtout pour narrer des histoires très intéressantes.
A côté de ce musée, quelques coquets bâtiments ont été construits à l’aide de matériaux locaux, avec une ossature en bois et des toits en chaume, et une architecture très caractéristique de l’époque royale, symbole de richesse significative et de pouvoir.
C’est aussi un lieu de balade et de repos, dont l’ambiance dans une colline sacrée est tout à fait singulière. Les visiteurs peuvent ainsi profiter de la paix et de la quiétude de l’endroit. La vue saisissante de la ville d’Antananarivo depuis les hauteurs d’un chalet construit juste à côté de la place du « Kabary » (discours) du Roi est particulièrement impressionnante.
Faire une randonnée pédestre autour de la colline sacrée
Outre la visite de l’enceinte royale, Antsahadinta se révèle également très propice pour une randonnée pédestre en famille ou en groupe. Pendant à peu près une heure trente minutes, nous avons ainsi découvert des paysages variés entourant la colline, toujours en compagnie du guide local qui n’a cessé de raconter des histoires sympathiques et divertissantes tout au long du parcours.
La première partie du trajet donne aux randonneurs l’occasion de contempler l’ensemble des vallées aussi bien à l’ouest, au nord qu’à l’est d’Antsahadinta. L’on distingue de loin entre autres la fameuse forêt de pins d’un certain Ramalanjaona, mais aussi le petit lac intarissable, dans lequel auraient été jetés les viscères d’un Grand Roi avant son inhumation.
L’itinéraire a ensuite été parsemé de tombeaux, de petits hameaux avec des maisons d’habitation très emblématiques du milieu rural de l’Imerina et bien évidemment des champs de cultures. Ces prodigieux paysages font oublier momentanément les déboires des quartiers précaires d’Antananarivo.
Apprécier un spectacle de « vakodrazana»
Notre passage à Antsahadinta a également été marqué par un déjeuner en plein air sous un autre chalet offrant également une autre vue imprenable sur les vallées au sud-est de la colline ainsi que sur les villages qui composent la Commune d’Antsahadinta. Un repas très simple mais copieux a été concocté par les femmes du village avec un « koba » spécial à base de farine de manioc en guise de dessert.
Le déjeuner a été animé par un groupe artistique local dénommé « Patrakala » qui a offert un spectacle merveilleux de chants et de danses typiquement malgaches, au grand bonheur de l’assistance. Ce groupe folklorique, formé uniquement par des jeunes du village d’Antsahadinta s’évertue de porter très haut les valeurs historiques et culturelles de ce lieu.
Les fameuses danses de « latsitanana » et « dihy soroka » ou mouvements de la main et des épaules sous le rythme des tambours et le son des flûtes ont clôturé cette agréable journée à la fois récréative, culturelle et sportive à Antsahadinta.
Soutenir les efforts de conservation de ce patrimoine
L’enceinte royale en général et le musée historique en particulier nécessitent un entretien constant pour faire face à l’alternance des saisons sèches et des saisons des pluies. Or ils n’en ont pas toujours bénéficié, pour la simple raison que les recettes du tourisme ne peuvent pas subvenir aux travaux d’entretien. Les membres du Syndicat d’Initiative qui s’en chargent, ont la forte volonté de conserver ce patrimoine laissé par leurs ancêtres, mais ils sont énormément meurtris par les moyens financiers importants pour l’entretenir.
Aussi, je vous suggère de visiter ce patrimoine historique unique d’Antananarivo. Votre passage contribuera fortement à sa conservation et sa valorisation. Lorsqu’on visite Antsahadinta, on s’aperçoit combien même il est important de conserver ses richesses. Reste aux jeunes générations à s’approprier de l’histoire et à reprendre le flambeau de la conservation de ce précieux trésor fragile de l’Imerina.
P.S: Ce billet est mon humble contribution au développement du tourisme à Antsahadinta. Pour toute demande de renseignement sur la visite de ce site historique, vous pouvez appeler le numéro 033 72 124 23 ou 033 24 721 22.
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