Un blogueur dans son billet intitulé « La Forêt, socle de développement » (voir ici) propose la plantation et l’exploitation de bambous comme alternatives à la déforestation des forêts naturelles et au reboisement d’eucalyptus dans la Région Atsinanana. Une idée techniquement faisable et socio-économiquement acceptable qui mérite d’être étudiée sérieusement par les investisseurs privés et qui doit être inscrite dans la politique de développement régionale. Outre sa croissance rapide et ses multiples usages, que ce soient industriels, commerciaux ou domestiques, le bambou aide également à la lutte contre l’érosion, un phénomène qui ronge plusieurs zones agricoles de Madagascar.
Une Région très favorable à la diversification des filières:

Mais, il n’y a pas que le bambou. D’autres plantes dont la transformation peut également apporter une forte valeur ajoutée existent et font déjà l’objet d’exploitation toujours dans cette partie orientale de Madagascar, mais à petite échelle. Ma proposition est donc plutôt de diversifier les filières dont l’objectif est à la fois d’améliorer les conditions de vie des populations locales, de valoriser les terrains nus issus des défrichements et de développer l’économie régionale, voire nationale. Cette proposition fait également suite à une visite récente que j’ai pu effectuer dans quelques petites unités de production de Ravintsara dans cette Région.

L’autre filière à développer est donc le Ravintsara (Cinnamomum camphora), une plante n’ayant aucune difficulté pour pousser dans cette zone, notamment entre Moramanga et Brickaville où il n’est pas difficile  de trouver des terrains non sableux, ni rocailleux ni argileux, alors que ce sont les seuls types de sols à éviter pour produire du Ravintsara, d’autant plus que cette plante s’adapte facilement au climat tropical.

La distillation de la feuille de Ravintsara permet d’obtenir de l’huile essentielle, très utilisée dans l’aromathérapie. En effet, ce produit dérivé du Ravintsara est très connu pour ses multiples vertus en tant qu’anti-viral puissant et un stimulant cardiaque et respiratoire très actif, sans oublier son utilisation pour le massage.

Une filière économiquement rentable: 
Pour la plantation, l’investissement est relativement faible. Un jeune plant qui s’achete à 1000 ariary peut produire des feuilles jusqu’à une cinquantaine d’année avec un doublement de la biomasse foliaire tous les deux ans, et deux récoltes annuellement. L’exploitation du Ravintsara commence à partir de sa quatrième année. A cet âge, l’arbre atteint déjà plus de trois mètres de hauteur et peut fournir une très grande quantité de feuilles.

Le matériel d’extraction de l’huile essentielle ne nécessite pas un investissement lourd. Ce matériel qu’on appelle communément « Alambic » est composé de trois compartiments, à savoir : la cucurbite, le condenseur et le séparateur ou essencier. Les feuilles passent donc par un grand récipient pour être bouillies, puis par un deuxième récipient cylindrique alimenté par une source d’eau froide et enfin par un troisième récipient muni de deux vannes permettant respectivement de recueillir l’huile essentielle et évacuer l’eau de condensation.

Le marché d’huile essentielle est loin d’être saturé. Le prix du kilo de cette essence peut aller au-delà de 200 euros sur le marché international. Elle peut donc procurer un revenu non négligeable tant pour les producteurs que pour les exportateurs. Malgré une quantité très importante de feuilles pour obtenir quelques gouttes d’essence, cette filière demeure toujours très lucrative.

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